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21 janvier 2010

enfants en danger!!!!

 

L'Éditorial de François Jarraud

 

 

Gilles Lehmann est-il un homme dangereux ?

L'Inspection académique de Haute-Vienne a suspendu brutalement un enseignant, Gilles Lehmann, au prétexte qu'il ne respectait pas le protocole de l'évaluation de CM2. 

 

C'est un fait sans précédent qui s'est produit dans la modeste école de Condat sur Vienne (Haute-Vienne) (12 classes), lundi 18 janvier. Lundi matin l'IEN de secteur et l'inspecteur d'académie adjoint sont arrivés dans l'école, ont demandé à Gilles Lehmann s'il allait appliquer le protocole des évaluations de CM2 et devant son refus l'ont immédiatement suspendu. Un remplaçant est venu faire classe à sa place.

 

L'inspection académique lui reproche de ne pas respecter le protocole de l'évaluation de CM2, qui commençait officiellement lundi. Dans la lettre officielle qui lui a été remise on lui reproche de fausser ainsi les résultats de l'évaluation et de "désorganiser le service public". En effet, Gilles Lehmann a décidé d'étaler sur trois semaines cette évaluation (au lieu de 3 jours) et il effectue les exercices lors de l'aide personnalisée, un autre dispositif qu'il ne respecte donc pas. Il ne s'en cache pas : il a signé l'appel des "200 désobéisseurs".

 

Une évaluation contestée. L'évaluation de CM2 avait été largement rejetée en 2009 par de nombreux enseignants qui contestaient son protocole et sa finalité, au point que le ministère avait fini par reconnaître qu'un pourcentage important de résultats n'étaient pas remontés, sans parler de tous ceux qui étaient faussés. En décembre les "désobéisseurs" avaient appelé à refuser l'évaluation. Début janvier les trois principaux syndicats avaient demandé au ministre de suspendre l'évaluation projetée. Le Snuipp a donné aux enseignants des consignes (ne pas faire passer d’exercices correspondant à des notions non étudiées depuis le début de l’année) qui ne respectent pas le protocole de l'évaluation. Comme elles sont suivies par bien d'autres enseignants que G Lehmann, la sanction qui lui tombe dessus semble bien injuste.

 

Gilles Lehmann nous a fait part de sa surprise. "Cette décision me paraît absurde et disproportionnée. Cela montre qu'il n'y a plus de discussion possible dans l'éducation nationale. On n'est plus des enseignants mais des fonctionnaires. Or c'est insupportable pour un enseignant d'autant qu'un fonctionnaire ce n'est pas forcément quelqu'un qui oublie de réfléchir".

 

Le procédé est surprenant. On suspend généralement en urgence un pédophile ou quelqu'un qui met en danger les élèves, pas quelqu'un qui a un différend sur l'application d'une consigne officielle. Pour ses amis de l'appel des 200, c'est "Limoges sous Vichy". "Cet acte odieux est sans précédent depuis l'époque de Vichy", écrivent-ils. "L'Inspecteur d'académie fait du zèle dans la répression des enseignants quitte à sortir de la légalité et à risquer une nouvelle condamnation de l'Etat par un tribunal administratif". La sanction n'a donc pas refroidi le zèle des 200. Elle a créé autour de Gilles Lehmann un mouvement de sympathie. Il a reçu des lettres de soutien de parents et sait pouvoir compter sur les sections syndicales de Haute-Vienne du Snuipp, du Sgen et de l'Unsa. Tous vont appeler à une manifestation devant l'I.A. vendredi 22 janvier à 17h pour accompagner G Lehmann devant l'inspecteur d'académie.

 

Dans son livre, paru le 14 janvier, Alain Refalo, un des dirigeants du mouvement des désobéisseurs, explique que "la désobéissance pédagogique trouve sa légitimité dans l'affirmation d'une exigence éthique et morale" et que "l'administration en sanctionnant durement, reconnaît que cette action l'inquiète… Tout l'enjeu est alors de rendre cette répression dérisoire pour permettre la poursuite du mouvement. C'est pourquoi la fermeté face à la répression est décisive".

 

Pour avoir sanctionné des enseignants qui se déclaraient en désobéissance, Xavier Darcos a réussi à faire naître un mouvement qui regroupe maintenant 3 000 enseignants. Non seulement la peur n'a pas fait fuir les militants mais, l'Etat étant régulièrement condamné en justice pour des sanctions qui sont légalement apparues comme arbitraires, il a levé un grand mouvement de sympathie au bénéfice de ces enseignants. Gilles Lehmann, lui, estime qu'on lui fait un procès en hérésie.

 

Il faut bien dire qu'avec Gilles Lehmann une nouvelle étape risque d'être franchie. En suspendant de façon aussi brutale ce professeur des écoles, l'Inspection académique de la Haute-Vienne pose à tous les enseignants une question identitaire. Sont-ils des fonctionnaires soumis à l'obéissance passive ? Sont-ils des éducateurs ? Si l'on ne peut pas apprendre sous la contrainte, peut-on enseigner dans la sujétion ? L'homme dangereux est-il bien Gilles Lehmann?


in

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2010/01/20012010Accueil.aspx

voir aussi:

http://4tous.net/ecoledemain/spip.php?article457

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